Pour beaucoup d’entre nous, le mot spiritisme évoque des réunions mystérieuses et parfois inquiétantes, autour de guéridons vernis dans des salons obscurcis. Mais cette vision réductrice masque une réalité bien plus riche : le spiritisme est une doctrine universelle, présente dans presque toutes les cultures depuis des millénaires.
Aujourd’hui encore, des dizaines de millions de personnes en sont adeptes à travers le monde.
Une doctrine universelle et évolutive
Le terme « spiritisme » remonte au XIXe siècle, mais ses principes fondamentaux sont aussi anciens que l’humanité elle-même. La croyance en l’existence d’esprits, détachés de leur enveloppe corporelle, et la possibilité de communiquer avec eux, a été observée dans des rites datant de Babylone.
Ces pratiques se retrouvent aujourd’hui dans des traditions variées telles que le candomblé brésilien, le caodaïsme vietnamien, les pratiques des griots et marabouts africains, ou encore les rituels chamaniques en Sibérie et en Amérique du Nord.
Allan Kardec et le fondement du spiritisme moderne
En 1857, le français Allan Kardec (à l’état civil Hippolyte Léon Denizard Rivail) publie Le Livre des Esprits, dans lequel il structure le spiritisme comme une véritable doctrine. Il y propose une classification des esprits : les esprits imparfaits, les bons esprits et les purs esprits, et élabore des concepts sur leur évolution spirituelle. Kardec ne se limite pas à un aspect mystique, mais introduit une dimension philosophique et éthique au spiritisme, insistant sur la nécessité de l’amélioration morale individuelle et collective.
Le « kardécisme » a peu d’adeptes en France, mais il prospère en Amérique latine, notamment au Brésil, où il est adopté par plus de 6 millions de personnes. Ce courant s’ancre dans une culture spirituelle qui valorise la communication avec l’au-delà et l’idée de responsabilité karmique.
Le spiritisme comme pont entre religion et philosophie
Bien que lié à de nombreuses traditions religieuses, le spiritisme ne se limite pas à une religion ou une philosophie unique. Par exemple, la religion du « Spiritualisme Moderne », fondée en 1848 par les sœurs Fox aux États-Unis, partage des similitudes avec le spiritisme, mais reste distincte par ses fondements historiques.
Cette religion monothéiste met l’accent sur la communication avec les défunts et prône une vision égalitaire et émancipatrice pour ses adeptes.
Les méthodes de communication avec les esprits
Les méthodes pour entrer en contact avec les esprits sont nombreuses, allant des pratiques anciennes aux techniques modernes. Parmi les plus connues :
- Les tables tournantes
Les esprits communiquent par des coups frappés ou des mouvements de table. - Le Oui-Ja
Un instrument se déplace sur un plateau pour indiquer des lettres, formant des mots et des phrases. - L’écriture automatique
Le médium reçoit des messages écrits, parfois sans conscience de ses propres mouvements. - L’incorporation
L’esprit utilise le corps du médium pour parler ou agir. - La matérialisation
Des objets se déplacent ou des figures apparaissent grâce à l’énergie du médium. - La Transcommunication Instrumentale (TCI)
Les esprits utilisent des appareils modernes comme les radios, les magnétophones ou les ordinateurs pour transmettre des messages.
Ces pratiques exigent souvent une grande maîtrise et un profond respect des règles éthiques pour éviter les dangers, comme la manipulation par des esprits malintentionnés ou une perte de repères chez les participants.
Une quête humaine fondamentale
Le spiritisme répond à une aspiration universelle : comprendre le mystère de la vie et de la mort, et trouver un sens à notre existence.
Cette quête transcende les âges et les cultures. De nombreuses traditions philosophiques et religieuses partagent des principes similaires à ceux du spiritisme. Que ce soit le taoïsme, le bouddhisme ou même le christianisme, toutes reconnaissent l’importance d’une réalité spirituelle qui dépasse le monde matériel.
Le spiritisme aujourd’hui
Le spiritisme, qu’il soit perçu comme une philosophie ou une pratique, reste l’une des expressions les plus profondes de l’aspiration humaine à comprendre le mystère de l’existence.
En témoignent les foules qui fleurissent encore la tombe d’Allan Kardec au cimetière du Père-Lachaise, symbole d’une doctrine qui, loin d’être figée dans le passé, continue d’inspirer et d’éclairer des millions de personnes dans leur cheminement spirituel.