Les prédictions de la Sibylle de Cumes

Dans le cadre de mes recherches sur les prophéties qui nous annoncent la fin du monde en 2012, je me suis intéressée à celle de la Sibylle de Cumes. Vous la connaissez certainement vous aussi. Je dois dire que celle-ci est une des plus pauvres en renseignements qu’il m’ait été donné de lire. Elle me fait plutôt penser à une légende qui, de bouche à oreille, se serait transformée au fil du temps.

Une Sibylle est une Prophétesse.

Au VIème siècle avant Jésus-Christ, non loin de Naples, dans une caverne de Cumes, vivait une femme qui avait des visions. Il se trouve que certaines d’entre elles se sont réalisées. Ses contemporains pensaient que la Sibylle, pendant ses transes, était possédée par le dieu Apollon et qu’elle transmettait ses prédictions. A cette époque les oracles étaient très respectés par les hommes qui les considéraient comme des paroles sacrées et nombreux étaient ceux qui venaient, parfois de très loin, pour consulter la Sibylle de Cumes. Cela dit, a-t-elle réellement existé ? Même si elle apparaît dans certaines œuvres comme celles d’Ovide, sa réalité, à ce jour, n’a pu être prouvée.

Voici néanmoins les principales prophéties qui lui sont attribuées.

Elle avait prédit, avec trois cents ans d’avance, l’invasion de l’Italie par Hannibal, puis la défaite du général carthaginois. Elle avait vu l’accession de l’Empereur Constantin au pouvoir, huit cents ans avant les faits, et la naissance de Jésus, six cents ans avant. Mais voici la prophétie censée concerner la fin du monde de 2012. Elle est tirée de l’œuvre « Les Oracles Sibyllins, Livre IV ». Vous pouvez d’ailleurs la trouver très facilement sur Internet.

« Voilà ce qui surviendra au cours de la dixième génération : le monde sera secoué par un violent tremblement de terre qui enverra plusieurs villes à la mer, la guerre éclatera, le feu embrasera les cieux et plusieurs villes seront ravagées par les flammes. Les cendres envahiront le ciel, le peuple connaîtra la colère des dieux. Cette dixième génération commencera après l’an 2000 et sera la dernière. »

Nous pouvons constater que tout ceci ne veut rien dire. Combien de temps dure une génération ? Comme le calcul est basé sur le nombre d’années qui sépare, en moyenne, la naissance des parents et celle de leurs enfants, de nos jours une génération couvre environ 25 ans. Par le passé, les femmes étant mères beaucoup plus jeunes, une génération équivalait à 20 ans. Donc, si comme moi vous savez compter, 130 générations se sont écoulées depuis l’existence présumée de la Sibylle de Cumes. Etrange non ?!!! De quelle dixième génération parle-t-elle ? Et sur quelle date de référence s’appuie-t-elle ? Notre calendrier s’articulant autour de la naissance du Christ, l’an 2000 pour la Sibylle correspondrait aux environs de l’an 1400 de notre temps, n’est-ce pas ?...Pour ce que j’en sais, et fort heureusement, il n’y a eu aucune fin du monde à cette époque-là !

Même si l’on considère que les visions de la Sibylle lui permettaient de connaître la date exacte de la naissance du Christ ainsi que notre fonctionnement calendaire, la dixième génération correspondrait à l’an 200 après J.-C….pas de fin du monde non plus !!! Et si je prends la dernière phrase de sa prophétie « Cette dixième génération commencera après l’an 2000 et sera la dernière. » et que je remonte à 200 ou 250 ans (selon le nombre d’années pris en compte pour une génération) avant 2012, je ne trouve rien, aucun événement qui pourrait être une référence sur laquelle s’appuyer, à part comme chaque année, à chaque coin du monde, des conquêtes, des victoires, des défaites, des invasions, des guerres, des découvertes, des prises de pouvoir etc.

Décidément, si peu de précisions pour annoncer l’événement le plus grave qui soit pour l’humanité, la fin du monde… plus le doute sur l’existence réelle de la Sibylle… il me semble que cela ôte toute crédibilité à cette prophétie. Et je comprends maintenant pourquoi l’adjectif « sibyllin » désigne des propos si mystérieux qu’ils en deviennent incompréhensibles et donnent ainsi lieu aux interprétations les plus fantaisistes.