L'Alchimie, sa mission
Qui n’a jamais rêvé de faire fortune en transformant le plomb en or ? Et qui ne souhaite profiter éternellement de cette fortune grâce à l’élixir de longue vie ? L’alchimie a essayé, pendant plus de 20 siècles, de rendre ces deux mythes réels.
Le secret des alchimistes
L’imagerie populaire représente volontiers l’alchimiste comme une sorte de magicien barbu¸ agitant ses cornues dans un antre obscur ouvert sur un ciel étoilé. Mais la réalité est bien différente.
La Chine du IVème siècle avant Jésus-Christ reconnaissait déjà l’alchimie comme une science ! Elle franchit ensuite les siècles et les continents pour apparaître en Egypte hellénistique (l’Egypte des Ptolémées, descendants du général d’Alexandre le Grand) vers – 100 avant JC. Elle fera alors l’objet des écrits de Bolos de Mendes… puis de Zosime de Panopolis quelque 400 ans plus tard ! Elle marque la civilisation arabe, et conquiert l’Europe dès le Moyen-âge. Elle aura la vie longue, puisque les savants du XVIIIème siècle la mentionnent encore. C’est d’ailleurs à cette époque seulement qu’elle sera différenciée de la chimie moderne, à qui Lavoisier donnera ses premières lettres de noblesse.
Comme on l’a vu, l'alchimie poursuivait deux objectifs :
- La transmutation des métaux, qui devait permettre de changer en argent (argyropée) et surtout en or (chrysopée), les métaux plus banals comme le plomb. La clé de la réussite en était la pierre philosophale, « le Grand Œuvre », décrite comme étant rouge dans sa masse et jaune en poussière. La fameuse pierre philosophale tant cherchée et jamais avérée ! Les alchimistes étaient pourtant certains que la transmutation était réalisable et s’appuyaient pour accréditer leurs travaux sur cinq théories, dans lesquelles entraient en jeu parfois la notion de particules, parfois l’importance du mercure, du soufre ou du sel, et parfois l’intervention d’un esprit cosmique. Grâce aux traités qu’ils nous ont laissés, nous savons que les alchimistes procédaient par étapes, symbolisées par des couleurs : la calcination (noire), le lessivage et la réduction (blanc ou blanc et jaune) et l’incandescence (rouge).
- La panacée (remède universel) et l’élixir de longue vie, toujours liés à la pierre philosophale, et que Jean de Roquetaillade, au XIVème siècle, définissait comme étant la quintessence du vin alliée à l’or. Le plus célèbre de ses bénéficiaires supposés reste le comte de Saint-Germain, personnage mystérieux, contemporain de Louis XV, extrêmement érudit, capable de parler de Babylone comme s’il y avait vécu et dont il fut dit qu’il avait entre 2000 et 4000 ans.
En fait, les deux vrais trésors générés par l’alchimie sont autres : Tout d’abord, une véritable philosophie, qui englobait la notion d’énergie et la théorie de l’analogie (« tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut »), qui faisait l’éloge du travail et de la prière et préconisait le retour aux vertus primitives et à la pureté. Et surtout, l’alchimie est l’ancêtre de la chimie. Isaac Newton était alchimiste. Les acides citrique, nitrique, sulfurique et chlorhydrique, le zinc, le phosphore, l’antimoine, pour ne citer qu’eux, ont été découverts par des alchimistes, ainsi que la médecine du travail, la toxicologie, la balnéothérapie… et le bain-marie !
Mais le plus extraordinaire est que la transmutation de métaux a finalement été réalisée… par la physique nucléaire, ce qui a permis à l’un de nos scientifiques les plus reconnus de dire que les alchimistes étaient « les précurseurs géniaux des magiciens modernes de l’atome » (Jean Perrin).
Christine Verdier
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