La Cartomancie
La vie n’est pas toujours aussi simple que nous le souhaiterions. Les déceptions et l’inquiétude, les choix graves, mais aussi l’optimisme et la recherche de l’amour nous confrontent à l’inconnu du futur.
De tout temps, l’homme a donc cherché à savoir ce que celui-ci lui réservait. Depuis le vol des oiseaux, dans la Rome antique, jusqu’au marc de café ou la boule de cristal, les méthodes ont été nombreuses, mais l’une d’entre elles fait figure de référence, tant elle s’est pérennisée au travers des siècles. La cartomancie date en effet du XVème siècle. A cette époque elle apparut en Espagne, puis elle gagna l’Italie et enfin la France où elle connut son apogée au XVIIIème siècle, le siècle des Lumières.
Son chantre fut Etteilla (Jean-Baptiste Alliette) mais la personne qui sut en faire une évidence incontournable fut sans conteste Marie Anne Lenormand que consultèrent la plupart des hommes, et des femmes, qui ont fait l’histoire de France sous la Révolution et le Premier Empire. Mademoiselle Lenormand a d’ailleurs donné son nom à plusieurs types de cartes. Car les cartes, bien évidemment, sont la clé de cet art divinatoire, ou plutôt les clés, dont il existe plusieurs sortes :
- Les jeux dits « classiques » à enseignes espagnoles, françaises ou anglaises
- Les Oracles (Oracle de la Triade, Oracle de Belline, Oracle Gé…) qui ont la particularité de ne servir que dans le cadre de la divination.
- Les tarots, dont le plus connu est le Tarot de Marseille (voir notre dossier sur le Tarot de Marseille), aux allégories médiévales ou Renaissance, popularisé par Antoine Court de Gébelin au XVIIIème, Romain Merlin et Papus au XIXème et enfin Paul marteau au XXème siècle. Il existe cependant d’autres tarots, notamment le tarot de Besançon et le tarot italien.
Mais posséder un jeu de cartes, quel qu’en soit le nombre, ne suffit pas. Encore faut-il savoir les interpréter. Bien des manuels ont rendu populaires les symboliques suivantes :
- Le cœur est la coupe, le Graal, tout notre affectif.
- Le carreau, trait d’arbalète ou flèche, est le symbole du déplacement, de l’énergie, de l’atteinte d’un objectif.
- Le pique est l’épée, offensive certes mais également synonyme de justice et de loi, et pour certains de technique, de réflexion et de discernement.
- Quant au trèfle, pour peu qu’il soit à quatre feuilles (voir notre dossier sur les Porte-bonheurs), il évoque immédiatement la chance, et l’argent puisque l’un est facilement assimilé à l’autre. Mais le trèfle, c’est aussi la protection. Le symbole de cette ambivalence est l’écu, à la fois monnaie et bouclier des chevaliers du Moyen-âge.
D’autres relations existent bien sûr entre les cartes et les humains qui viennent leur demander conseil : l’âge, le sexe, la couleur des cheveux ont leur équivalent chez les rois, les dames, les valets et même les cartes moins explicites. Mais un livre, si documenté soit-il, ne pourra jamais remplacer la lecture de l’avenir par quelqu’un qui possède les qualités médiumniques et psychologiques indispensables pour l’interprétation du message. Car le secret est là . La cartomancie, ce n’est pas battre et distribuer des cartes comme un joueur de poker et ce n’est pas, n’en déplaise aux sceptiques et autres partisans de la zététique, de la « lecture froide ». Terme barbare qui a la singularité de s’appliquer à la fois aux séducteurs, aux personnages politiques et aux escrocs ! Tout art divinatoire nécessite un don inné (mais parfois méconnu) de médium, de la psychologie et le respect infini de l’Autre. Car le cartomancien ou, plus généralement, la cartomancienne doit savoir à la fois comprendre les cartes, être en empathie avec le demandeur et connaître ses propres limites. Il n’est pas question, par exemple, d’asséner un diagnostic médical. L’important est de pouvoir, grâce au Don, aider, conseiller, guider et apporter l’espoir. C’est sans doute pour cela que les cartomanciennes sont encore de nos jours appelées « diseuses de bonne aventure ».
Christine Verdier