Blanches dans le halo dessiné par les phares d’une voiture sur une route déserte…
Les dames blanches sont au cœur des légendes de tous les pays d’Europe et même des Etats-Unis. Elles sont aussi l’objet de témoignages contemporains extrêmement nombreux et récurrents, de photos, de films d’amateurs ! Mais qui sont les Dames Blanches ?
De la fée Mélusine attachée à la famille de Lusignan aux auto-stoppeuses nocturnes, les dames blanches n’ont cessé de susciter la crainte, la fascination, la polémique. Peut-être fées et peut-être sorcières, très souvent âmes tourmentées de femmes défuntes, elles hantent les châteaux, les abbayes… et les carrefours dangereux.
Autrefois fantômes attitrés de familles princières auxquelles elles annonçaient la mort et la vie, elles peuvent être aussi de simples lavandières que seuls les hommes devaient redouter. Infanticides ou bien rapiats dont l’avarice s’était montrée préjudiciable aux plus démunis, pauvres délaissées enterrées dans un linceul crasseux et condamnées pour toujours à le nettoyer, ces lavandières hantent encore les lavoirs et les berges des rivières, et malheur à l’homme isolé qui se fie à elles car elles n’hésiteront pas à le tuer. Il arrive aussi que les dames blanches se manifestent à proximité de chutes d’eau ou de lacs. Elles sont alors le souvenir d’un amour malheureux, et auréolées parfois d’un voile de mariée.
Et que dire de ces malheureuses emmurées vivantes par un mari jaloux, comme celle du château de Pouancé attachée sur une chaise devant des couverts d’argent, qui revient de toute éternité sur les lieux de son abominable mort ? Les dames blanches ne sont pas forcément dangereuses ou funestes. Même si, bien souvent, elles sont un mauvais présage, elles peuvent aussi annoncer le bonheur d’une naissance. Elles savent également récompenser la bonne volonté, et avertir d’un danger. C’est apparemment la raison d’être de leur manifestation la plus moderne, celle qui donne lieu aux témoignages les plus confondants.
Par les nuits de pleine lune ou, au contraire, les nuits les plus sombres, sur les routes peu fréquentées, une pâle silhouette apparaît. Le conducteur (car c’est toujours un homme), intrigué, compatissant ou peut-être intéressé par la sveltesse et la jeunesse de cette apparition, la prend en charge. Mais la suite de l’aventure est brève. L’auto-stoppeuse est peu bavarde. Tout au plus dit-elle parfois son nom et parfois une adresse. En revanche, elle manifeste des signes d’anxiété très nets à l’approche d’un carrefour ou d’un pont. Puis elle disparaît !
Certaines s’évaporent du véhicule en marche, toutes portes fermées. D’autres s’évanouissent dans l’obscurité, à peine déposées là où elles l’avaient demandé. Les recherches effectuées pour les retrouver révèleront que ces passagères d’un instant avaient perdu la vie dans les parages, presque toujours des suites d’un accident ! Il est même arrivé que des chauffeurs complaisants retrouvent un accessoire prêté, parapluie ou autre, sur une tombe…
Alors que penser des dames blanches ?
Les sceptiques évoquent les grenouilles dont le chant ressemble à celui des battoirs à linge, ou la chouette effraie dont le cri glace le sang. Ils accusent la brume, la réverbération des phares. Et tous, tout simplement, reprochent aux témoins leur imagination.
Mais comment se fait-il alors que les dames blanches défraient la chronique depuis des siècles et dans tous les pays, qu’ils soient celtes ou méditerranéens ? Comment se fait-il qu’on ait pu les photographier et même les filmer ? Pourquoi les chroniqueurs d’autrefois les plus sérieux les mentionnent-ils ? Et surtout, pourquoi leurs manifestations les plus récentes, celles des dames blanches de la route, hantent-elles les carrefours ou les ponts ?
Ce sont des lieux propices aux accidents, certes, mais ce sont aussi et surtout les lieux symboliques du passage vers l’au-delà .
Christine Verdier