La Radiesthesie
Quel est le point commun entre une personne disparue, une source qui permettrait d’irriguer vos plantations, le sexe du bébé que vous attendez ou une mine d’or ? La radiesthésie ! Le moyen le plus ancien et le plus mystérieux de mener à bien des recherches aussi variées.
Le terme est barbare mais l’art est authentique. Nous devons le mot « radiesthésie » au père Bouly qui l’inventa en 1890, en rapprochant radius, le rayon, et aisthêsis, la sensibilité. Le principe de la radiesthésie est, en effet, de détecter les rayons émis par tous les corps, vivants ou non, afin de pouvoir orienter des investigations.
Il ne faut pas croire cependant que la méthode est récente. Le premier « outil » du radiesthésiste, la baguette, remonte aux Scythes, aux Mèdes et à l’antiquité gréco-romaine. Elle était à l’époque utilisée à des fins divinatoires. L’idée de mener des recherches plus précises, et très variées, s’est imposée peu à peu, au fil des siècles. Au XVème, ce qui s’appelait alors rhabdomancie permettait déjà de trouver les métaux enfouis et les sources, d’où son second nom : la sourcellerie.
Au XVIIème, le baron et la baronne de Beausoleil ont rendu cette pratique célèbre. Il était minéralogiste, et elle alchimiste. Leur efficacité dans la détection des gisements miniers et des sources leur valut d’être reçus dans les cours européennes. Elle leur valut aussi, malheureusement, des jalousies et leurs ennemis réussirent à les faire inculper de Magie !
La radiesthésie, qui ne s’appelait pas encore ainsi, fut également utilisée, à la fin du XVIIème, pour certaines enquêtes policières dont un Dauphinois, Jacques Aymar, s’était fait une spécialité. Simultanément, le second « outil » fit son apparition : le pendule ! Le fameux pendule immortalisé par la professeur Tournesol (*), qui pouvait être aussi bien en cristal, en quartz, en métal ou en bois. C’est avec le pendule que le domaine d’activité des radiesthésistes s’est diversifié : recherches des personnes et des objets disparus, numéros de chance, et même applications médicales.
Les succès obtenus ont, bien évidemment, suscité la méfiance des scientifiques, et plusieurs expérimentations ont été menées afin de vérifier l’efficacité du processus. L’une d’entre elles permit de faire, au XIXème siècle, une découverte qui éclaira le rôle des radiesthésistes d’un jour nouveau. Le chimiste Eugène Chevreul venait de constater que le pendule réagissait au mercure et aux métaux, mais pas à la résine et au verre, quand il se rendit compte que rien ne se passait s’il fermait les yeux ! C’était la preuve que la baguette ou le pendule ne suffisent pas. Le rôle de celui qui les tient est primordial.
Cet aspect humain de la radiesthésie a d’ailleurs été souligné, à la fin du XXème, par Yves Rocard dans son livre « le Signal du Sourcier », livre qui a fait l’objet d’un article de la très sérieuse revue de vulgarisation scientifique « Sciences et Vie ». De nos jours, la radiesthésie est souvent rapprochée d’une autre science ésotérique, la géobiologie, qui est l’étude de l’influence de l’environnement sur le vivant, non dans le cadre d’un biotope, mais en prenant en compte les ondes liées aux champs magnétiques et électriques, les courants d’eau souterrains, les réseaux métalliques ou les failles géologiques.
Ce qui est certain, quoi que puissent en penser leurs détracteurs, c’est que la rhabdomancie, la sourcellerie et la « moderne » radiesthésie n’ont perduré au fil des siècles que parce que les résultats obtenus l’ont permis. C’est ainsi qu’en 1913, Charles Richet, prix Nobel, écrivait : « Nous devons accepter la radiesthésie comme un fait. Il est inutile de faire des expériences pour prouver son existence. Elle existe. Ce qu’il faut maintenant, c’est en développer les possibilités. »
Charles Richet
(*) Les aventures de Tintin (Hergé)
Christine Verdier