La Réincarnation
Pour certains, c’est un sujet de plaisanterie. Pour d’autres, l’idée effleure l’esprit et sème le doute en laissant un sentiment prégnant de déjà vu. Pour des milliards d’êtres humains, depuis des millénaires, c’est une évidence.
Croire en la réincarnation, c’est croire que la vie est une succession de naissances, et que la mort n’est qu’un prélude à une transmigration vers un nouveau corps. Le concept est formalisé depuis le VIème siècle avant J-C, mais il existait depuis beaucoup plus longtemps car c’est un élément fondamental de l’hindouisme. Il est également au cœur du jaïnisme et du bouddhisme, et on le retrouve dans les religions tribales africaines. Les écrits des Grecs anciens le mentionnent, et même Saint Augustin !
Quelles preuves avons-nous donc que la réincarnation est réelle et que la plupart d’entre nous l’ont déjà vécue ? Aucune, malheureusement, qui ait pu être vérifiée scientifiquement malgré les innombrables témoignages recueillis, dont certains sont infiniment troublants. Comme, par exemple, celui de cette quinquagénaire française très bourgeoise qui eut la conviction qu’elle rentrait chez elle en traversant le désert de Gobi ! Et comme celui de cette fillette qui retrouva sans aide, dans une maison inconnue, les poupées d’une autre enfant décédée.
Malgré le scepticisme des experts, de tout temps, les hommes ont eu la conviction que la mort n’est pas une fin. L’âme ou l’entité psychique supérieure qui existe en chaque de nous, quel que soit le nom que les philosophies et les religions lui donnent ne meurt pas et survit au corps qui fut le sien. Le délai nécessaire pour une renaissance varie beaucoup selon les croyances, mais il est clair pour beaucoup que ces cycles de vies successives sont liés à une progression spirituelle, à une rétribution des actions passées ou à un châtiment.
Justice divine, karma, prépondérance et pérennité de l’esprit ? L’idée est universelle, millénaire et en même temps contemporaine. L’Orient en est nimbé, les Etats-Unis l’ont redécouverte avec le courant New Age et Allan Kardec lui-même en était impressionné.
Faut-il donc penser comme certains que les malheurs qui frappent, apparemment sans raison, des innocents ne seraient qu’une conséquence des fautes commises dans une vie antérieure ? Faut-il admettre le principe de l’Eternel Retour et du caractère cyclique du monde ? Faut-il, à l’instar des Grecs, imaginer que nous pourrons revivre en animal ou en végétal (ce que l’on appelle la métempsycose). Faut-il plus simplement voir en tout être vivant, même les plantes, la continuité d’un principe de Vie universel ?
La réincarnation est réfutée par les trois grandes religions monothéistes, qui lui préfèrent l’idée de la résurrection et celle du jugement dernier. Mais il en est question dans les écrits des plus grands théologiens, et elle figure dans les théories de beaucoup de communautés religieuses, telles que les gnostiques. Simultanément, les sages orientaux qui devraient en être totalement convaincus la considèrent parfois comme une simple possibilité, et parfois comme une malédiction. Car renaître ne signifie pas se souvenir, et l’expérience des erreurs passées ne vient pas éclairer les vivants.
Des expériences ont été tentées pour essayer de percer ce mystère, notamment grâce à l’hypnose ou l’intervention d’un médium, mais les résultats ne sont pas probants (pas encore ?) Alors, à quoi bon ? Pourquoi ne pas préférer à cette idée d’éternel recommencement celle d’un éternel repos ? Sans doute parce que notre esprit ne peut se résigner à la vacuité de la mort, ni à l‘inutilité des efforts accomplis, et encore moins à l’impunité du mal. Parce que, grâce à la réincarnation, nous sommes amenés à respecter ceux qui nous entourent, comme des frères ou des amis potentiels. Et parce qu’elle pourrait être à l’origine des talents précoces les plus extraordinaires, comme celui de Mozart, et d’un phénomène qui reste pour l’instant inexpliqué : le coup de foudre !
Christine Verdier