La voyance se démocratise
La voyance existe depuis des millénaires, mais elle a connu des fortunes diverses. Déifiée par certaines civilisations, elle a aussi été cruellement persécutée. Et même si elle est considérée par beaucoup comme un élément fondamental de la sagesse ou comme une science supérieure, elle est aussi pour d’autres un symbole de la naïveté humaine et, ce qui est plus grave, de l’inanité de nos efforts pour connaître l’avenir.
En Occident, elle a pendant longtemps été réservée aux monarques, non parce que les décisions qu’ils devaient prendre engageaient la vie de milliers de personnes (quoique, bien sûr, l’argument ait sans doute été invoqué), mais parce que leur position leur permettait d’échapper aux foudres de l’Eglise. La voyance était en effet remarquablement mal vue par l’Eglise qui l’accusait d’être une forme de sorcellerie. Eh oui, l’inexplicable dérange, surtout cet inexplicable-là qui ne figure dans aucun des textes sacrés. Par ailleurs l’Eglise, qui exerçait alors un pouvoir parfois plus temporel que spirituel, ne supportait pas que les manifestations de l’esprit puissent échapper à son contrôle.
Cet ostracisme frappait tout ce qui relève de l’ésotérisme. C’est ainsi qu’au XVIIème siècle moururent en prison le baron et la baronne de Beausoleil qui avaient pourtant donné maintes fois la preuve de leurs talents de radiesthésistes et bénéficié de l’amitié des personnages les plus puissants des cours européennes. Leurs ennemis n’ont eu qu’à soulever des doutes quant à l’origine de leurs succès, en suggérant avec perfidie qu’elle ne pouvait être que satanique, pour que tout soit dit !
La voyance pour les riches ?
La voyance a donc longtemps été pratiquée soit dans les salons les plus riches, soit dans la plus parfaite clandestinité. Et même la notoriété ne pouvait protéger ceux qui se consacraient à ses mystères. Nostradamus lui-même connut bien des déboires malgré le respect que lui manifestait Catherine de Médicis.
Au fil des siècles cette persécution religieuse s’est atténuée mais elle a été relayée par une autre chasse aux sorcières, celle de la loi républicaine et laïque. D’hérétique la voyance est devenue illégale et cette situation a perduré jusqu’à la fin du XXème siècle (1994 très exactement)
Et puis, les mœurs ont changé.
De nos jours demander une consultation de voyance est devenu parfaitement normal. Plus d’astrologues à longs chapeaux, plus d’antres sulfureux. Tout se passe au grand jour.
Mais l’évolution est encore bien plus étonnante, pour différentes raisons.
La première est sans nul doute le lien entre la voyance actuelle et les moyens de communication modernes, comme la voyance par telephone. Un lien qui suscite parfois des critiques mais qui est pourtant indispensable. Il permet d’adapter la voyance aux mœurs de notre époque tout comme elle l’était aux us et coutumes des civilisations antiques. Il permet aussi et surtout de la mettre à la portée de chacun d’entre nous. La voyance par téléphone et la voyance gratuite ont réellement permis de démocratiser ce qui était autrefois réservé à l’élite.
La seconde évolution découle de la première. La voyance est devenue un phénomène de société. Les sites Internet qui lui sont dédiés sont de plus en plus nombreux. Elle a acquis un droit de séjour dans les pages jaunes des annuaires et, en certaines occasions, dans nos galeries marchandes et sur nos marchés. Elle fait aussi régulièrement l’objet d’articles dans les magazines les plus sérieux. Les pages qui lui sont consacrées ne sont pas forcément amicales. Les détracteurs existent toujours. Mais leur existence-même prouve que la voyance est enfin entrée officiellement dans nos habitudes.
Et cela n’a rien d’étonnant tant elle représente la meilleure réponse possible à l’une des attentes les plus angoissées de l’Homme. Savoir ce que nous réservent nos lendemains afin de pouvoir mieux gérer notre quête éternelle du bonheur.
Fiche N°12 - Texte réalisé par Christine Verdier - Mise en ligne le 19/03/2012